Petit glossaire des techniques

s’appliquant à la gravure





1) La gravure en relief ou taille d’épargne

1.1) La gravure sur bois

La gravure sur bois est historiquement liée à l’imprimerie, texte et gravure en même temps (épaisseur = 23,5 mm).

Elle est la plus ancienne des manières de graver.
La gravure s’effectue dans le sens de la fibre du bois.
Bois d’arbre fruitier

Outils : canifs, ciseaux (ou fermoirs) et gouges

Elle s’est développée au XIXe siècle, amélioration de la précédente technique.
La gravure s’effectue perpendiculairement à la fibre du bois.
Le bois (d’arbre fruitier ou de buis) est coupé en ‘tranches’, seul le cœur est conservé.
Il faut souvent assembler par collage plusieurs blocs pour former une planche. L’homogénéité de la surface permet l’emploi d’un burin pour le détourage.
Le trait est plus précis qu’avec le bois de fil.

Outils : burins, ciseaux et gouges
 

1.2) La linogravure

Matière : plaque de linoléum (ou actuellement PVC)
Les outils diffèrent peu de ceux de la gravure sur bois mais sont plus affilés et coupants.
 

2) La gravure en creux ou taille-douce

Taille directe

2.1) La gravure au burin

Elle est la plus ancienne technique de gravure en creux; elle provient historiquement des orfèvres.
La plaque de cuivre polie est attaquée directement par l’outil, le burin.
Rendu :une certaine froideur

Caractéristique : sillon en V. Les barbes formées sur les deux bords du sillon sont parfois laissées pour un effet d’intensité plus profonde du trait. Les creux reçoivent l’encre et fournissent l’image, seules les surfaces polies sont blanches (essuyage des surfaces au chiffon et/ou à la paume de la main).

Outil pour supprimer les barbes: ébarboir

2.2) La pointe sèche

Elle est le plus spontané des procédés de gravure en creux. La formation de barbes (typique de la pointe sèche) est recherchée. La ligne, en creux, et la barbe, en relief, retiennent l’encre, ce qui produit des traits noirs veloutés, souples et vivants.

Matière : plaque de cuivre (ou de zinc)
Outil : pointe d’acier (ou encore de diamant, ou de rubis)
 

2.3) L’aciérage

Pour maintenir une meilleure régularité des tirages, les planches de cuivre gravées, (particulièrement avec la technique de la pointe sèche) reçoivent par électrolyse une pellicule d’acier de 3 µm qui protège la taille de l’écrasement que pourrait produire les rouleaux lors de l’impression.

2.4) La matière noire (mezzo tinto)

Le grainage de la face à graver s’effectue au sablage ou au berceau (outil hérissé de pointes d’acier). Le graveur berce 20h environ pour une plaque d’une dimension de 25x40 cm , il trace des rayures dans tous les sens.
Ensuite le brunissoir  tenu parallèlement à la planche écrase les aspérités pour créer les parties claires.

  Outils : berceau, pointe d’acier, brunissoir, roulette
 

Gravure indirecte

2.5) L’eau-forte

Etapes :
Nettoyage de la plaque de cuivre, dépôt du vernis (au tampon, au rouleau ou au pinceau), enfumage,
gravure ou tracé à la pointe d’acier, attaque à l’acide nitrique (aussi appelé acide azotique) dilué à 20% ou au perchlorure de fer

Caractéristique : laisse une grande liberté du geste
 

2.6) La gravure au vernis mou (ou gravure à la manière crayon)

Rarement utilisée seule mais plutôt avec d’autres techniques : eau forte ou aquatinte.

Etapes :
Le vernis devient souple par ajout de suif; on dispose le papier mouillé pour qu’il se tende sur le cuivre ; une fois sec on dessine au crayon à papier (HB, HH, ou 4 H).
La pression de la mine de plomb fait adhérer le vernis sur le papier laissant le cuivre nu lorsqu’on enlève le papier.
La morsure se fait au perchlorure de fer moins rapide qu’à l’acide nitrique.

Caractéristique : laisse à la main une plus grande liberté qu’à l’eau forte.

2.7) La gravure à l’aquatinte

Ce procédé ouvre de nombreuses possibilités.

Etapes :
Nettoyage de la plaque, saupoudrage de grain de résine de colophane, plus ou moins gros, sur les zones où l’on veut faire apparaître la matière. Les autres zones sont réservées au vernis.
Le saupoudrage peut se faire à la main, au tampon, à la pincée ou encore à l’aide d’une boite à grain. A la main, on emplit de résine de colophane un bocal en verre recouvert d’un tissu très fin (mousseline) pour obtenir une régularité dans la pluie de résine. On renverse le bocal et la résine tombe en pluie suivant le tapotement plus ou moins fort.
On passe ensuite à la cuisson pour faire adhérer la colophane, enfin on procède à la morsure par l’acide.

Rendu : Nuances veloutées et profondes (points blancs et noirs)

Avantage : facilité pour graver des zones importantes en un temps inférieur aux autres procédés.
 
 

3) La gravure en couleur (bois ou cuivre)

Procédé :

Il faut utiliser autant de planches de même format que de couleurs. On grave d’abord la planche mère, celle qui définit le sujet (les parties principales du sujet). Les planches sont superposées et percées à l’aide d’une fine pointe d’acier à 2 endroits opposés (qui ne gênent pas trop l’esthétique du sujet).
Puis on reporte le dessin à graver de la planche mère sur les autres plaques en imprimant à l’encre bleu outremer ou noir.
Les deux trous servent à recevoir des aiguilles pour repérer les plaques sur le papier.
 
 

4) La gravure à plat (ni creux, ni relief) (technique d’art graphique)

4.1) La Lithographie (dessin sur pierre)

En fait la lithographie n’est pas une gravure, mais un dessin fait avec un crayon fabriqué à base de matière grasse (noir de fumée, suif, cire et savon).

Matière :
La pierre de Bavière (calcaire) est parfois remplacée par une plaque de zinc avec grainage par billes de verre.

Etapes :
L’artiste dessine sur une pierre plane et unie, il humidifie ensuite la pierre, le corps gras du crayon repousse alors le corps maigre (l’eau), mais accepte l’encre.
 

4.2) La sérigraphie (vient de ‘séri’ : soie)

Matière :
L’écran de soie recouvert de vernis (laque) sert de pochoir (ou trame).

Etapes :
On dessine les contours du dessin à la plume ou au crayon trempé dans une encre lithographique, elle-même mélangée à de l’essence.

On laisse sécher l’encre puis on enduit la trame de colle et d’eau à l’aide d’une raclette en bois. Enfin on la fait sécher puis on la badigeonne d’essence avec une brosse sur toute la surface : la solution de colle et d’encre déposée correspondant à une couleur du dessin se dissout. Alors les mailles de l’écran où était le dessin laissent passer l’encre et sur la surface restante, les mailles restent bouchées. Il faut un écran par couleur.

Impression : Avec une raclette on fait passer l’encre à travers l’écran de soie ainsi préparé.
 
 

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Références bibliographiques :
Petit glossaire de termes techniques s’appliquant à l’estampe, pp 85-87, Pierre Tal Coat et Atelier St-PREX.
Cours de Gravures de Nicole LEBOURG (ISBN 2-7328-6008-5).